CAHIER DES CHARGES
Il est nettement préférable de prévoir l’installation d’une toiture végétalisée en amont de la conception d’une nouvelle construction, d’une transformation ou d’une rénovation ( réfection de l’étanchéité du toit, remplacement ou renforcement de sa structure…). L’ajouter par la suite risque de s’avérer plus coûteux et plus compliqué, compte tenu des contraintes techniques exposées ci-dessous.
Capacité de charge à supporter par le toit:
Compte tenu du climat actuel ET de son évolution, il faut prévoir au moins 13 cm de profondeur moyenne de substrat en situation totalement ombragée (200 kg/m2) et 20 cm (310 kg/m2) à 25 cm (387 kg/m2) en plein soleil pour permettre aux plantes de vivre. Bien entendu, si le toit supporte une charge de substrat plus élevée, c’est mieux. Plus le substrat sera profond, moins les plantes demanderont d’arrosage ou d’irrigation. Moins soumises aux stress hydrique, elle seront plus résistantes face aux autres agressions.
Sans eau et sans un espace suffisamment profond pour leurs racines, les plantes, quelles qu’elles soient, ne survivront pas longtemps aux canicules ET aux sécheresses, telles que celle que nous traversons en ce moment. Les situations de sécheresse peuvent se produire en dehors des périodes de canicule. Les sécheresses printanières sont les pires en ce qu’elles atteignent les plantes en pleine croissance, au moment où elles sont les plus vulnérables.
D’autre part, un substrat profond supporte la biodiversité.
Regroupées en association, les différentes espèces végétales mutualisent leurs capacités physiologiques et se déploient dans l’espace de façon complémentaire, en particulier au niveau racinaire où la diversité végétale se répercute sur celle des micro-organismes avec lesquels elle vit en symbiose. Diversité microbiologique qui, à son tour, décuple la résistance des plantes en élargissant leur accès aux nutriments, à l’eau et en les protégeant contre des agents pathogènes.
C’est pourquoi les systèmes qui favorisent les relations entre espèces et qui laissent jouer la complexité du vivant sont plus durables au sens propre que des monocultures telles que des haies ou des alignements d’arbres monospécifiques, des gazons en tapis de casino ou des toitures de sédums, bien plus fragiles face aux effets conjugués du climat, des parasites et de la pollution.
Comment connaître la capacité de charge de son toit ?
En s’adressant à un ingénieur de stabilité. Si les travaux sont récents, l’architecte pourrait être en mesure de vous fournir cette information. Si vous ne connaissez pas d’ingénieurs de stabilité, voici deux adresses de bureaux qui effectuent cette mission dans les maisons unifamiliales, entre-autres.
1/ Atelier d’architecture et d’ingénierie Alter / aaia.be / Rue d’Alost,7/ 1000 Bruxelles / tél 02/213 38 13 → Christophe Lootvoet 0478/56 38 63 & Pierre Cloquette
2/ Abel / Abel.be → Jonathan Laurent 0472/23 11 55
L’étanchéité du toit doit être étanche aux racines et non ou peu polluante pour les eaux de ruissellement et de préférence recyclable ou réutilisable telle quelle
Si le revêtement d’étanchéité du toit n’est pas étanche aux racines, il est toujours possible de rajouter une couche de plastique anti-racines, mais cela entraîne un surcoût et ce n’est pas souhaitable sur le plan écologique.
Prévoir une arrivée d’eau sur le toit
(pour les superficies plus importantes et sachant que l’ensoleillement exerce une influence prépondérante sur la vitesse d’évaporation de l’eau contenue dans le substrat), si possible couplée à un système de collecte, dans une citerne, des eaux pluviales et des eaux de drainage de la toiture verte. L’eau de pluie est préférable à l’eau de distribution. La solution la plus économe en eau consiste à irriguer en goutte-à-goutte par des tuyaux micro-perforés placés dans le substrat.
À titre d’exemple, il n’est pas vraiment nécessaire d’avoir une arrivée d’eau dans les cas suivants puisque l’arrosage est occasionnel, même en période de canicule:
- avec une toiture verte de 10 m2 totalement à l’ombre
- avec une toiture verte sur 50 cm de profondeur de substrat exposée à l’est.
En revanche, ce sera très utile sur une superficie de 15 m2 exposée à l’ouest, donc au soleil de l’après-midi, plus chaud que celui du matin.
Il est bien question ici de limiter et non pas de chercher à supprimer l’arrosage en période de canicule ou de sécheresse: autant il est intéressant de limiter l’arrosage, autant ce serait contre-productif de tendre vers le zéro arrosage. En effet, l’eau est non seulement indispensable à la vie (en cas de stress hydrique intense, même si des plantes survivent, leur métabolisme est pratiquement à l’arrêt, elles n’évapotranspirent plus, ne produisent plus de nectar…), mais elle contribue aussi à l’effet d’isolant thermique, ce qui permet d’éviter le cycle infernal de l’air conditionné qui accroît le réchauffement climatique, ainsi qu’à l’atténuation de l’effet d’îlot de chaleur urbain. À Toronto, une étude a évalué la baisse de température à un à deux degrés pour un taux de végétalisation des toits de 6%, soit 1% de la superficie de la ville.
Accessibilité: la toiture végétalisée doit se situer dans un endroit facilement accessible, ne fût-ce que pour l’entretien, que ce soit par une porte, une fenêtre, une trappe dans le toit…
Évacuation des eaux de ruissellement:
Le toit doit comporter un ou plusieurs exutoires. C’est très généralement le cas.
N.B. Les prescriptions relatives à la profondeur de substrat et à l’arrosage découlent de ma pratique et mon expérience depuis 10 ans, lesquelles évoluent en permanence et elles évoluent aussi pour intégrer le réchauffement climatique.
Remarque: une toiture végétalisée peut très bien se combiner avec des panneaux solaires
Synergie avec les panneaux solaires: la végétation protège ces derniers d’une baisse de rendement en cas de surchauffe; l’ombre des panneaux solaires est bénéfique aux plantes et permet de les diversifier.